dimanche 29 juin 2008

Saint Vincent, Saint Isidore, ... sont de fameux saints dans le milieu viticole, notamment en Bourgogne (qui n'a pas entendu parler de la fête de la Saint Vincent tournante ?).
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Les Auvergnats ont choisi d'honorer Saint Verny prénommé aussi Werner en Allemagne ou Vernier en Franche Comté.
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Werner naquit à Wammeratt, paroisse de Kirchberg en Allemagne en 1272.
Orphelin d'un père vigneron, Werner fut obligé par son beau-père à quitter son petit village pour gagner sa vie.
Le jeune homme alla travailler chez des juifs qui auraient eu l'habitude de faire des sacrifices humains et qui le mirent à mort le jour du vendredi saint, le 19 avril 1287 alors qu'il n'avait qu'une quinzaine d'années.
Après que le corps du jeune martyre fut déposé dans une chapelle, il semble que de nombreux miracles s'y produisirent.
Werner obtint la consécration de l'Eglise par sa canonisation en 1428 où il devint Saint Werner ou Saint Verny.
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Cependant le culte de Saint Verny ne semble se développer en Auvergne qu'au XVIIème siècle. Ainsi la première confrérie de Saint Verny fut créée en 1672 à Brioude, suivie de près (1675) par une confrérie à Clermont-Ferrand.
Cela donna lieu à de nombreuses fêtes dans la région. La fête principale se déroulait le dimanche après le 20 mai de chaque année.
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De nombreux éléments montrent encore aujourd'hui la ferveur dont Saint Verny était l'objet au pays des volcans.
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Mais si la récolte s'annonçait mal, les vignerons n'hésitaient pas à s'en prendre à leur protecteur. L'intervention la plus bénigne consistait à mettre le Saint en quarantaine, le visage tourné contre le mur. Mais l'épreuve de l'eau était considérée comme le châtiment suprême pour un protecteur de la vigne et du vin.

Ainsi à bien des reprises, Saint Verny est menacé d'etre jeté dans la rivière ou dans la fontaine.
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Le déclin du vignoble auvergnat détruit par le phylloxera, la déchristianisation et l'éxode rural mirent fin à ces manifestations.
Cécile ABONNAT
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Trouvé sur Internet ce document extrait de Grand livre des saints : culte et iconographie en Occident par Jacques BAUDOIN

jeudi 19 avril 2007

Trouvé aussi sur Internet ici  (site consacré à Saint Roch semble-t-il ) l'article qui suit :
 
Verny le vigneron


Dans les terres les plus chaudes où pousse la vigne, on a, depuis toujours, d’autres coutumes.
En Limagne, c’est entre saint Isidore et saint Vincent que laboureurs et vignerons partagèrent tout d’abord leurs dévotions agraires. Cela jusqu’au XVIIème siècle. Alors apparut tout à coup un saint nouveau, d’origine allemande. Nommé Werner dans la vallée du Rhin, adopté par les viticulteurs de Franche-Comté et de l’Auxois qui l’avaient rebaptisé Vernier, il devenait l’idole des vignerons d’Auvergne, qui changèrent ce Vernier en Verny.
(…)
Souvent, au pied du saint vigneron, est assis un petit chien qui n’a rien à faire là : le sculpteur l’a ajouté parce qu’il a vu, ailleurs, un chien accompagner saint Roch et qu’il ne veut pas que saint Verny puisse en être jaloux.
(…)
Saint Verny a quelque-fois perdu, dans ces épreuves, sa pioche ou son « bousset », que l’on a remplacé, en toute simplicité, par une pelle d’enfant ou un tonnelet-souvenir achetés au bazar le plus proche… Parfois encore, la statue tout entière est tombée en poussière. Un autre a pris sa place. Et chaque fois qu’on rencontre, dans une église de Limagne, un saint Verny du XIXème siècle, il y a beaucoup de chance que cette statue ait été substituée à une autre plus ancienne, plus belle, détruite ou volée. Ce qui est vrai également pour les statues de saint Roch.


Hors du temps


Sans doute, le souffle du génie n’est pas passé sur tous les ateliers de village où le granit, le basalte, le cœur de chêne se transformaient en images tutélaires.
Mais plus d’une fois, l’artisan anonyme qui travaillait à la commande et réussissait le saint Roch aussi bien que le coffre à sel, avec la même conscience et la même ambition limitée, prenant sans s’en inquiéter d’immense liberté avec le modèle proposé, atrophiant les jambes du saint patron parce que la pièce de bois qu’il sculptait était trop courte, empruntant à peine à la mode bourgeoise et se répétant sans souci des styles qui, ailleurs, évoluaient, a donné le jour à des chefs-d’œuvre secrets, toujours ingénus et sincères, qui échappent aux repères de la chronologie et aux courants de l’histoire de l’art, et s’inscrivent seulement dans la longue tradition d’un art parallèle, hors du temps, populaire…